hearts ain't gon' lie

mes relations amoureuses ont toujours été désastreuses.
d'une manière ou d'une autre, je finissais par tout ruiner. j'ai oublié le prénom de ma première vraie relation amoureuse. elle s'appelait katie. c'était une asiatique. elle était atrocement moche, avait un style de mauvais goût et avait un copain. elle était bipolaire suicidaire, et était la meilleure amie de ma meilleure amie. elle est partie vivre dans le sud après avoir voulu m'agresser. ma meilleure amie de l'époque m'en a voulu au point de m'ignorer pendant une semaine avant de revenir vers moi pour s'excuser. dans le fond, je ne lui en ai jamais voulu ; je savais à quel point elle avait été blessée de découvrir que sa superbe amitié de cinq ans était rempli de mensonges - et je m'en suis voulu de l'avoir fait pleuré pour ça.
ma deuxième copine était une fille qui considérait katie comme sa meilleure amie. elle s'appelait mélina (une française pure souche) et était dépressive suicidaire. je sais - j'étais attiré par les dépressifs parce que j'avais l'impression qu'ils me comprenaient alors que c'était l'inverse - c'était moi qui les comprenait et eux qui m'utilisait comme épaule. je suis resté cinq jours avec elle avant de la quitter parce qu'elle m'avait soûlé. j'en avais marre de l'entendre se plaindre de tout et de rien pour attirer l'attention des autres alors qu'elle avait tout pour elle. elle a pleuré, très fort et très longtemps - alors je l'ai bloqué.
j'ai fréquenté une autre amie proche de mélina, dont j'ai oublié le nom. jessy ? sûrement. un prénom m'effleure rapidement l'esprit en l'évoquant, mais ça ne va pas plus loin. une rebeu des cités qui était loin de vouloir changer ses vieilles habitudes de rebelle ; son langage, son style, sa manière d'être. j'ai fricoté avec elle parce que je m'ennuyais et je l'ai quitté une semaine plus tard. elle était comme méli : chiante, envahissante et en manque de confiance.
au fur et à mesure que le temps avançait et que je grandissais, j'oubliais de plus en plus rapidement les prénoms de celles que je fréquentais ; elles étaient toutes pareilles. en quête d'amour fou, les étoiles pleins les yeux, l'esprit rempli de désillusion. la fidélité avant tout, être côte à côte h24 était un objectif de vie pour elle - mais pas pour moi. c'est ce qui a fait que toutes mes relations déchantaient très rapidement.
j'avais besoin d'air pour respirer, d'espace pour me sentir présent, et de liberté pour me sentir vivre. aucune ne voulait m'accorder aucune de ces conditions pour que tout aille bien.

j'ai grandi, las des relations, avant de rencontrer mon premier vrai amour et copain : sami. j'avais dix-neuf ans, il en avait vingt-trois. au début pas très intéressé, pote d'un pote, j'ai fini par lui parler parce que nous avions été laissés seuls quelques instants par notre groupe d'amis. le courant est passé ; et lui comme moi sommes tombés amoureux. l'amour était discret et silencieux. il passait par les contacts physiques, les mains sur les épaules et dans le dos, les regards furtifs et intenses, les sourires presque gênés mais vicieux qui exprimaient tout un ensemble de pulsions. j'ai, pour la première fois, l'amour à un garçon et pour la première fois, on m'a fait l'amour. ce n'était plus ce qu'on appelait de la baise, mais l'amour au sens propre. comment vous exprimer la vague de bonheur et de chaleur qui m'envahissait à chaque fois qu'il me prenait dans ses bras, lorsque personne ne regardait ? il me regardait comme si j'étais le plus gros des diamants. il me touchait comme si j'étais la plus précieuse des porcelaines. il m'embrassait comme si j'étais la seule autre personne sur Terre. il m'aimait comme si j'étais une femme. être gay était une honte. aimer un homme en face des autres encore pire. on ne se rend pas compte de la chose, mais lorsqu'on en est le sujet, tout change. le regard des gens changent, les manières de parler, de se comporter autour de nous lorsque les suspicions à propos de notre relation ont commencé à se faire voir. sami m'a quitté, sans un mot. il m'a ignoré, snobé et s'est finalement mis à sortir avec une fille du nom de mila. il n'a jamais répondu à mes messages, ni à mes appels, mais gardait tout de même contact avec la bande de potes.

j'ai pleuré.
longtemps, très fort, et avec un couteau en plein coeur.
j'ai appris ce que ça faisait que d'avoir le coeur brisé, ce que c'était que d'avoir le souffle coupé tellement mes sanglots étaient éclatant, ce que ça faisait que de se regarder dans le miroir les yeux boursouflés, le visage rouge et le nez plein de morve. je me sentais comme toutes ces autres filles que j'avais lâchement jeté par ennui et par dégoût d'elles. au final, j'étais devenu comme elles. un garçon jeté pour ses sentiments.

j'ai toujours trouvé l'amour beau. comme mes parents s'aimaient et comme ils racontaient leur histoire les yeux remplis d'étoiles, je rêvais de rencontrer mon âme-soeur. peut-être que sami n'était pas fait pour moi. peut-être qu'après toutes mes histoires, je n'étais pas fait pour l'amour et lui non plus. parce que j'étais incapable de supporter la douleur du départ. et surtout pas la sienne.

c'était loin d'être dramatique ; en fait, c'était juste moi qui l'était.