can't you tell

rory kaleb moore

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personne ne comprend. personne ne peut comprendre. le dégoût et l'impuissance que de se faire voler tout ce qui comptait à mes yeux. donovan n'était qu'un enfoiré, un gamin pourri gâté à cause de son soi disant retard mental. c'étaient que des conneries pour qu'on me tourne le dos.
mon père ne m'a jamais aimé. ou alors, il a arrêté à la naissance de "donny", le produit de sa nouvelle campagne.
je ne pouvais que regarder de loin. je n'étais plus quelqu'un qui importait autant qu'avant. ils avaient trouvé mon remplaçant, et je ne pouvais être là que pour faire bonne figure.

si tu savais la haine que j'avais contre lui. que ça soit les jouets, mes parents ou le temps dédié aux activités, on lui donnait tout et il ne prenait rien. j'étais seulement là pour prendre leurs photos de famille parfaite comme si je n'existais pas - et j'ai fini par m'y faire. que je sois là ou non, ça n'importait plus à personne. je pouvais disparaître plus de deux jours sans donner de nouvelles, personne ne demanderait. il était le seul à demander où j'étais. et il me dégoûtait.
ça a été encore plus le cas quand j'ai découvert qu'il était gay. j'avais du mal à supporter cette image de deux hommes à la place d'une femme et d'un homme - c'est tout ce que mon père m'avait appris à ne pas être sous peine d'être définitivement renié. et j'ai rejeté celui qui était censé être mon frère le jour où je l'ai découvert en train de se branler sur une photo de moi.
je me suis enfui de la maison.

si c'était pas lui qui partait, c'était moi.

j'ai vomi. j'ai vomi mes tripes comme si j'avais écorché vif mon foi, j'ai vomi à ne plus sentir mes entrailles dans mon corps.
c'était dégueulasse. le dégoût que je ressentais dans tout mon corps à cette période-là a fait ressortir toute ma haine pour ma famille. est-ce qu'on se rend réellement compte ? une partie de votre sang, de votre chair, qui ose s'imaginer des délires comme ça sur vous ? moi, non. des frissons me parcouraient le corps et la nausée me poursuivait comme la peste. la sensation me restait au travers de la gorge.

j'ai commencé à travailler. d'abord dans un fast-food, puis dans un garage, puis dans un entrepôt, et j'ai enchaîné les petits boulots pour me faire ma propre vie. je suivais des cours à la fac tout en enchaînant le travail. je voulais me refaire une vie, sans eux, sans tâches.

c'est durant cette période-là que j'ai rencontré l'ange de ma vie.