Tendre est la nuit
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Yasmina Reza - heureux les heureux
Eliza Kennedy - Je le veux

j'ai besoin de me confier.
Wesley me dévisagerait.
Aria se moquerait.
Thomston me jugerait.
Je ne peux le dire à personne d'autre.
J'n'ai pas b'soin d'un avis, pas b'soin de réconfort. J'ai juste besoin de parler, de me soulager de ce poids que ça m'fait sur les épaules.
Je l'aime.
Je n'l'ai jamais aimé mais, sans le vouloir, je l'ai aimé et je l'aime. Aujourd'hui, il m'a regardé droit dans les yeux, a gardé ses distances et m'a dit. Je n'peux pas.
Mon coeur n'a pas fait crack. Mon esprit a parfaitement compris ce que ça signifiait. Qu'il devait attendre. Mais j'n'ai pas l'temps d'attendre. Je n'veux pas m'ruiner pour un autre qui me demande de ruiner mes chances d'avoir quelqu'un à mes côtés. Il m'a demandé si j'n'étais pas vexé. J'ai répondu que non. Il m'a demandé si c'était vrai. J'ai hoché la tête et je suis parti, prétextant courir après le bus. Je l'ai raté. J'ai trouvé quelqu'un au passage pour discuter pour cinq minutes pour finalement attendre une demie-heure que le bus arrive. J'ai pris mon temps pour marcher du travail à la gare. Un bus m'a klaxonné parce que je gênais le passage. Je me suis excusé et j'ai mis mes écouteurs dans mes oreilles. Je ne suis pas amer, ni sucré. Peut-être mitigé. Je n'veux rien, rien d'autres que le doux son d'une musique à mon ouïe qui saurait me détendre le temps d'un trajet. J'avais prévu d'aller à la gare, j'ai mangé, j'ai dormi, je me suis installé et je suis descendu un arrêt plus tôt. Je ne sais pas ce qui m'a pris, mais quand je suis descendu, j'ai regardé le ciel et j'ai inspiré un bon coup pour sentir l'air pénétrer mes poumons. J'n'ai envie de rien. Je suis fatigué, lassé. Je n'veux pas rentrer, mais j'n'ai plus personne pour me tenir compagnie dans le froid. Je rentre à la maison en traînant les pieds, en prévoyant le travail que j'aurai à faire pour le lendemain. Quand je rentre, mon père me toise du regard et je pars dans ma chambre. Je monte deux à deux les marches, je fonce dans mon repère et lance mes affaires sur le lit. Je retire lentement mon jeans et enfile un pantalon de sport. Je redescends manger et mon père est déjà parti le temps que je me change. Je vais dans la cuisine me faire à manger et, en attendant que l'eau bout, je regarde le sol. Il est sale de traces de pieds. Je prends un chiffon, le mouille et nettoie par terre. Maman serait contente. Je vais dans le garage prendre l'aspirateur, le branche. Je commence à nettoyer, ranger, quand je lâche le manche pour vérifier ma soupe. Elle n'est pas prête. Je retourne à ma tâche ménagère et, une fois finie, je m'assois à la table vide de la salle à manger. Mon portable n'a plus de batterie, je puise dans ses dernières ressources pour lutter contre l'ennui. Je retourne terminer ma soupe et la finit rapidement. Je vide ce qu'il en reste dans l'évier et retourne dans ma chambre, m'allonger sur le lit. J'ai mal à la tête. Je n'ai envie de rien. Je repense à lui -non, je m'efforce de le penser. Je réfléchis seulement à la blancheur du plafond et je ferme les yeux. Tu n'es plus là.