jarvis inspira fortement. plus précisément, il bailla la main devant la bouche, l'autre tenant fermement la main de Norma dans sa poche. Elle le suivit sans broncher, et le clac-clac répété de ses talons était la seule chose que l'on entendait résonner dans les escaliers qui menaient au parking du supermarché. La blonde le suivait péniblement en tentant de marcher droit, et il n'y prêta pas la moindre attention, focalisé sur l'écran de son portable, occupé à envoyer un message. Il rangea son téléphone en apercevant une silhouette qui lui semblait être celui qu'il devait rencontrer, et il fit attention à laisser Norma dans son dos en lui faisant comprendre qu'elle devait rester derrière lui. Orion parla d'une voix visiblement agacée. Sa voix était pénible. Grosse, forte, imposante. Son accent vulgaire. Le canadien voulait déjà en venir aux poings pour ne pas avoir à en supporter davantage, mais la présence de Norma le gênait fortement. Il pestait intérieurement. « J'avais rendez-vous avec elle après. Je me suis dit que ça serait dommage que je fasse un aller-retour. » Le canadien esquissa un sourire provocateur. « Ca peut pas être quelque chose de si gênant à dire devant elle, pas vrai grand-frère ? » Il sentit la main de Norma serrer la sienne, et il se contenta simplement de la regarder du coin de l'oeil sans sourciller.

le brun avait terriblement envie de sourire de plus belle. « Ronnie alors? » C'était juste ridicule. Un grand frère qui voulait le bien de sa soeur après l'avoir laissé pour morte, sans oublier de gâcher une fête de princesse à laquelle lui-même avait assisté? Jarvis pouffa de rire intérieurement, et haussa les épaules, indifférent. « J'pense quand même que t'es mal placé, voire très mal placé pour me dire que je suis nocif. Entre nous deux (il fit une pause et tenta de dissimuler un sourire malsain), c'est plus toi qui a pourri la vie de Norma. Pour ma part, j'ai fait que la récupérer. » Aussitôt qu'il eut lâché sa phrase, il fit de même avec la main de celle-ci, qui tenta de se raccrocher à son bras, inquiète de ce que pourrait devenir la situation. Elle savait qu'il était lancé, et elle fit de son mieux pour le tirer en arrière, la tête basse, en lui chuchotant d'arrêter et de s'en aller. Il fit un mouvement de bras pour se défaire d'elle. « T'as préféré gâcher le rêve de ta petite soeur adorée pour aller te taper .. Jonas non? Ou plutôt, Mel? » C'est comme s'il avait entendu le crac du coeur de la O'Shea.

Il se sentit à peine quitter le sol qu'il ressentit une brûlure intense au niveau de sa joue. Il eut à peine le temps d'entendre sa mâchoire craquer qu'il était à terre sous le poids d'Orion. Le sang bouillant, il se sentait s'exciter en voyant le regard meurtrier du grand frère peser sur lui. Non non non non non non non non non il ne devait surtout pas se relâcher surtout pas surtout pas surtout pas maintenant il en mourrait juste d'envie mais Norma mais Orion mais son envie d'adrénaline lui montait au cerveau au point de l'enivrer et où la raison n'avait plus de place. Il savait qu'il devait rendre ses coups. Il devait. Il sentait son poing trembler et le démanger. Il aurait juste fallu qu'il lance son poing, qu'il continue à répétition encore et encore jusqu'à ce que la peau se coupe, jusqu'à ce que le sang jaillisse, jusqu'à ce que les phalanges hurlent, jusqu'à ce que le coeur pompe jusqu'au fin fond des poumons le moyen de respirer à travers ces souffles perturbés, courts, rapides, intenses.
Jarvis mit sa main devant son visage et ses avant-bras subirent, supportèrent, et pourtant son instinct voulait le forcer à lui rendre ses coups à le poignarder à le martyriser à le tyranniser au point où il en supplierai la fin. C'est dans toutes ces fantaisies qu'il se rassurait dans son sang-froid meurtrier, et il serrait si fort la mâchoire qu'il en grimaçait. Il ne devait surtout pas le faire maintenant. Surtout pas surtout pas surtout pas surtout pas surtout pas sinon sinon sinon plus rien n'aurait d'intérêt.
Il se laissa faire jusqu'à ce que Norma hurle en usant du plus profond de ses cordes vocales pour en faire sortir une voix déchirée et tremblante. « STOP! » Jarvis sentit son corps tout entier s'embraser pour ensuite recevoir une terrible douche glaciale.